Uppercut dans la gueule de ma vie (Bast)

Est-ce que t'as déjà prêté attention au bruit de la collision entre un poing et un crâne ? Non hein ? Bizarrement on le confondrait presque avec le battement d'un cœur. Le sang qui bout dans tes veines avant de jaillir de ta peau meurtrie, tes os qui craquent et qui se fissurent avec la promesse de devenir plus durs en se réparant. Chaque combat, victoire comme défaite, est une mort promesse d'une résurrection magnifique.

- Arrête Bast, il a eu son compte... BAST ARRÊTE ! C'est fini t'as gagné...

La foule, immonde et avide de sang comme un vampire, ne fait aucun bruit. Pas un seul cri bestial, jouissance face à la violence, face aux deux corps qui se déchirent. Je ne fais pas ça pour eux, pas ça pour les billets, pas ça pour l'égo. Le crâne qui éclate au sol sous ma pompe est pas celui de ce boxeur, j'ai rien contre lui, on est aussi paumés l'un que l'autre.

C'est le crâne de mon père, lâche, absent, inconnu. C'est le crâne de ma mère, la traînée, qui nous a pondu sans réfléchir, qui est tellement conne qu'elle se persuade qu'elle nous aime. Mais elle nous aime pas non, elle essaie juste de paraître responsable, une femme forte, une bonne mère. Elle essaye de se prouver à elle-même qu'elle n'est pas qu'une sombre merde.

- Bast !

Un bras que me tire en arrière. Coup de pied dans le creux du genoux qui cède, manchette dans l'abdomen, coup de coude dans l'oreille. Merde, dommage collatéral. J'y peux rien, je voulais pas. Ce pauvre gars il est comme toi mon frère : gentil mais assez con pour se frotter à ma colère.