sisters's time. (imogen)

 
[avery x imogen]
never let us fall apart

un, deux, trois. elle compte les secondes dans sa tête imogen. ça fait deux heurez qu'elle est éveillée et qu'elle regarde danser les ombres sur le plafond de sa chambre. pourtant, elle attend tranquillement le moment fatidique où le réveil résonnera dans la pièce. elle pourra au moins dire à son psy qu'elle a fait une nuit complète, pour se donner bonne consciente. quand le bourdonnement se fait entendre, elle s'éjecte presque du lit, non sans une grimace. enfilant son vieux sweat-shirt troué du temps de l'université, elle se dirige vers la cuisine, guidée par son estomac qui gronde dans ses entrailles. sur le canapé, elle peut distinguer une ombre à la chevelure blonde. imogen lève les yeux en esquissant un sourire. avery. il y a des choses que ne changent pas, pas pour sa sœur en tous cas. parfois, elle aimerait être un peu plus comme elle, s'en faire un peu moins. imo termine son chemin vers la cuisine, ouvrant délicatement les rideaux. elle avale ses pilules, une par une, encore et encore. un bruit lui fait lever la tête alors qu'elle s'apprête à se servir un verre de jus d'orange. « pas de tee-shirt ni de pantalon en vue, t'es sûre que tu ne les as pas laissés où tu étais hier ? » ajoute imogen avec un sourire moqueur, remplissant un deuxième verre avant de le placer sur le comptoir où se trouve sa sœur. elle tend aussi à avery quelques cachets pour la douleur, avant de poser une main sur le front de celle-ci. c'est un réflexe omniprésent, ce besoin maladif de s'assurer que ses sœurs vont bien. « je ne suis pas médecin mais je pense pouvoir certifier que vous avez une gueule de bois madame. je recommande d'échanger la tequila contre de l'eau. » imogen grimpe sur le comptoir de la cuisine, en face de sa sœur, en sirotant son verre de jus. elle prend une grande inspiration, sachant très bien qu'elle ne va pas aborder un sujet facile. « je voulais vous le dire plus tard, mais, je retourne au boulot dans deux jours. » elle sait très bien ce que ses sœurs pensent depuis l'accident ; qu'elle devrait faire une pause, arrêter de chercher un coupable. mais, les murs du loft semble l'étouffer alors qu'elle tourne sans cesse en rond, se remémorant ses secondes qui ont précédées l'impact de la balle dans son abdomen. « tu sais que j'en ai besoin. »

avery c’est la grande sœur webster et même si elle n’a jamais été un grand exemple pour les têtes blondes qui ont suivies, elle prend toujours peur quand l’une d’elles est impliquée dans un danger quelconque. elle en voit tous les jours des familles déchirées, la sienne aurait pu imploser après le divorce, mais ont su rester ensemble et traverser les épreuves. mais la blessure par balle d’imo ça a été autre chose pour avery, comme un coup de poing dans le cœur, parce que pour la première fois de sa vie elle aurait pu être à la place de ces personnes qui pleure la perte d’un de leur proche, alors quand qu’elle entend sa sœur annoncer qu’elle est prête à reprendre du service, instinctivement elle relève la tête, gueule de bois disparue pour quelques minutes. « ok, je vois ... » parce que avery n’est pas la reine des discours et parce qu’elle n’a pas envie de se disputer avec sa sœur, elle ne dit rien de plus, au lieu de cela elle se rapproche de cette dernière et vient déposer ses bras sur les genoux de sa petite sœur avant de la regarder droit dans les yeux. « imo, je t’aime. et en tant que grande sœur c’est mon devoir de te protéger mais ... » elle soupire longuement incapable de croire ce qui va sortir de sa bouche alors qu’elle passe une main dans ces cheveux retardant l’annonce qui lui vaudrait un sermon de la part de sa mère. « mais je suis pompier et je fais face à la mort tous les jours. c’est en moi, c’est comme ça. pour rien au monde je ne changerais de métier et je sais que c’est pareil pour toi. margot et kyle sont exceptionnelles, mais elles ne peuvent pas comprendre ce qu’on vit tous les jours. » après tout c’était elle et imo qui chaque jour défiait la mort et même si elle était très fière des deux dernières de la famille, elle regrettait parfois qu’elles ne soient pas à même de comprendre ce que vive les deux grandes tous les jours. souriant tendrement à la blonde, elle se leva pour venir se positionner entre ses jambes. « si tu te sens prête, alors j’ai confiance en toi. je ne m’y opposerais pas, mais je veux que tu me promettes de faire attention, encore plus que ce que tu ne faisais avant. je ne peux pas te perdre imo, je ne vais pas pouvoir écouter kyle et margot déblatérer leur charabia de médecin aux repas de famille, avec maman qui me lance un regard comme si je jouais à la roulette russe tous les jours. » cette fois un large sourire prit place sur ses lèvres venant même découvrir ses fossettes. « maintenant il va vraiment falloir que je trouve mes vêtements, parce que je ne peux pas arriver comme ça à la caserne cette aprem ... »

imogen se souvient très bien des instants qui ont succédés son réveil. ils sont gravés dans sa mémoire pour l'éternité, comme un cauchemar qui joue en boucle derrière ses paupières. il y avait le ronflement sourd de la machine à laquelle elle était reliée par de dizaines des fils. la sueur qui perlait sur sa peau, résultat du combat incessant de son organisme pour sa survie. mais, ce dont elle se souvient le plus, ce sont les regards. il y avait celui du médecin ; discret et professionnel, qui guettait les successions de ses battements de cœur. celui de sa mère, encore un peu plus éteint, comme si elle était déjà à moitié morte. il y aussi ceux qu'elle ne trouvait pas, les absents, comme si la balle dans son abdomen ne suffisait pas à la détruire. papa, cole. et puis, il y a ses sœurs. elles avaient des tempêtes qui dansaient dans les yeux. c'est à cet instant qu'imogen s'est le plus détestée. elle ne peut supporter être la raison de la douleur dans leurs regards. alors, avec le peu d'énergie qui vibrait en elle, elle a saisit la main d'avery, les larmes coulant sur ses joues comme le déluge.  
c'est ce souvenir qui revient dans son esprit avec la puissance d'un coup lorsqu'elle regarde sa grande sœur à cet instant. il n'y a plus de machines, juste la cuisine mal éclairée. pourtant, la douleur est la même qu'il y a six mois. « parfois je me demande pourquoi on est comme ça, pourquoi on a besoin de courir dans des maisons en feu ou avoir des armes pointées sur nous pour se sentir vivantes. » imogen marque une pause, regardant avery venir jusqu'à elle. elle passe une main dans les cheveux de sa sœur, grimaçant en y retrouvant l'odeur amère de l'alcool. « je te promets. pas de survivre, mais, de me battre. c'est ce qu'on est toi et moi, on est des battantes. et puis, aucune chance que je te laisse seule face à la réprobation de maman. » le regard d'imogen dévie de sa sœur pour se porter dans le vide. une forme colorée apparaît dans son champ de vision et un rire lui échappe. du bout du doigt, elle pointe le tee-shirt d'avery, négligemment suspendu au meuble de télévision.  « je crois apercevoir notre porté-disparu. »  

elle regarde sa sœur pleurer et son cœur se serre, parce qu’elle peut se douter de la douleur que doit ressentir imogen, elle peut se douter de son sentiment de culpabilité d’avoir fait peur à ses proches, alors elle ne dit rien avery, au lieu de ça, elle déposa ses mains sur les joues de la blonde et vient sécher ses larmes dans un tendre sourire. « c’est comme ça. nous avons besoin de cette adrénaline pour survivre et il en faut, parce que si je n’éteint pas les maisons en feu, si tu n’arrêtes pas les mauvaises personnes, alors à quoi ressemblerait le monde dans lequel nous serions obligé de vivre ? » il n’y a pas d’explication logique à ce besoin d’être au devant du danger, peut-être faut-il un peu de folie et d’inconscience, peut-être que c’est dans les gènes, que ça vient de leur père, mais peu importe d’où cela provient, c’est en elles. elle écoute sa sœur lui promettre d’être prudente mais malgré cela, quelque chose tombe dans son estomac, parce qu’elle l’a connaît avery, elle sait que non, si elle doit se mettre en danger elle le fera, elle le sait parce qu’elle est pareille, prendre des risques inconsidérés pour sauver la vie de quelqu’un, ne pas réfléchir aux conséquences désastreuses que son acte pourrait avoir sur ses proches, elle sait tout cela, alors elle ne dit rien, elle hoche la tête se contentant de cette demie vérité. ce n’est que quand un courant d’air traverse la cuisine, qu’avery prend pleinement conscience de sa tenue très peu habillée et le tee-shirt que sa sœur vient de découvrir ne va pas l’aider car de là où elle est, elle sait déjà qu’il est dans un état pitoyable. « on dirait que je vais devoir t’emprunter un truc … pourquoi pas un de ces tee shirt qu’on vous donne pour vous entraîner, ils sont sexy … du moins sur cole ils sont très sexy. » elle se pince les lèvres pour éviter que son sourire ne vienne illuminer son visage. elle sait qu’elle est entrain de flirter avec une ligne dangereuse, elle sait que le partenaire de sa sœur est sujet sensible, mais après tant de temps à travailler ensemble, la seule question que se pose avery est de savoir pourquoi est-ce qu’ils ne se sont pas encore sauté dessus.

imogen laisse se fendre un sourire sur ses lèvres en entendant les paroles de sa sœur. elle sait quoi dire avery, toujours. les mots sonnent toujours plus vrais dans la bouche de sa sœur. ils prennent un sens, reflétant une vérité qu'elle n'arrivait pas à assembler. c'est peut être pour ça qu'elle est l'aînée. ce n'est pas la voix de la sagesse, ni la plus mature, c'est certain. mais elle répare les cœurs brisés avery, comme elle éteint les incendies. « je ne sais vraiment pas comment tu fais pour trouver les mots justes. heureusement que je t'ai » imogen passe une main sur son visage, effleurant ses cernes, témoins des nuits solitaires qu'elle n'arrive pas à mettre derrière elle. elle contemple les mots d'avery. à quoi ressemblerait son monde si elle n'avait pas ce besoin fou de pourchasser le mal ? elle serait peut être plus morte qu'elle ne l'est aujourd'hui. enchaînée à une vie banale, où les jours ont tous le même goût. elle serait peut être mariée, à un homme qu'elle n'aime que plus ou moins et qui n'arrive pas à combler ses désirs. elle n'a jamais voulu de ça imogen. elle vibre pour quelque chose d'autre ; pour la montée d'adrénaline, l'impression de rendre le monde un peu meilleur. « on serait malheureuses sans tout ça. » elle murmure doucement, comme si c'était l'ultime vérité pour les gens comme elles. du coin de l’œil, elle aperçoit sa sœur frissonner. elle remarque avec un sourire qu'elle est encore moitié nue au milieu de sa cuisine. la plus jeune s'écarte du comptoir, se dirigeant vers le salon pour attraper ce qu'il reste du tee-shirt d'avery. son coeur manque un battement lorsqu'elle l'entend parler derrière elle. le mot maudit est sorti de ses lèvres. cole. elle n'a pas besoin de se retourner pour savoir que sa sœur réprime un sourire. imogen saisit le tee-shirt avec une grimace, avant de le lancer malicieusement dans la direction du visage de l'autre blonde. « cole ? jamais entendu parler d'un cole. » elle marmonne avec une mauvaise foi flagrante sur sa mine boudeuse. les mains sur les hanches, elle imite la pose sérieuse si souvent adoptée par sa mère, espérant cacher le rouge qui lui monte aux joues. elle ne veut pas parler de cole, encore moins d'à quel point les tee-shirts de la police lui vont bien. « et puis, je ne peux pas te dire à quoi il ressemble, ça fait six mois qu'il joue au mort » qu'elle lance ironiquement. cole est définitivement un sujet sensible.

elle a les bons mots avery, ça ouais, parce qu’il a bien fallu se justifier auprès de sa mère, de son mari, de cette volonté d’aller au devant du danger, de cette sensation de pur bonheur à l’entente du crépitement des flammes. imo elle c’est les balles sont plus grand danger, ça et les poignards ou les coups mal placés et c’est beaucoup, même pour avery c’est beaucoup. comme la vision de sa petite sœur allongée sur son lit d’hôpital, mais elle ne peut pas lui dire, lui expliquer à quel point ça l’a effrayée de la voir dans cet état, parce qu’imo elle a besoin de soutien, maintenant plus que jamais et parce qu’elle est mal placé pour lui dire quoi que ce soit avery, vraiment mal quand encore hier soir elle a failli finir asphyxier, c’est pour ça qu’elle a autant bu et ça lui revient maintenant. parce qu’elle a eu peur hier, par sur le moment mais après, quand son chef est venu lui hurler dessus pour être retourné à l’intérieur sans masque, elle a vu cette peur dans son regard et là elle a prit conscience des choses. mais elle ne peut pas dire tout ça imogen, parce qu’elle a déjà pas mal de trucs à régler et que ce n’est pas à elle de s’inquiéter pour sa grande sœur, c’est pas son rôle. alors elle détend l’atmosphère avery, comme elle peut, elle balance son faux intérêt pour cole, malgré qu’elle réprime la colère qu’il peut lui invoquer pour ne pas avoir su protéger l’une des trois femmes de sa vie. « tu sais le téléphone ça marche dans les deux sens, tu peux l’appeler aussi ... » parce qu’il est son partenaire et qu’elle sait mieux que n’importe qui l’importance d’une équipe soudée, l’importance d’avoir une épaule sur laquelle se reposer. « tu vas devoir lui faire face dans peu de temps, ça serait peut-être bien de tenter d’améliorer la situation avant non ? » elle lève le regard vers sa sœur avant de hausser les épaules, parce qu’elle a du mal à comprendre leur relation avery. ouais elle sait qu’il est marié et qu’on ne couche pas avec un collègue encore moins son coéquipier, mais elle a toujours sentie cette tension entre eux, comme un besoin inexplicable de se sauter dessus et cette idée la ramène brusquement à la réalité, sa réalité. « est-ce que vous avez un genre de code dans la police qui dit qu’on ne peut pas coucher avec un collègue ? » parce que chez les pompiers non, mais avery a un code de conduite qu’elle ne transgresse jamais, mais comment avouer à sa sœur chérie, que cette fois, elle l’a ignoré avec un plaisir non dissimulé.